D’après l’interview de Paul Guimard (1956)
Adaptation : Jean-Benoît Patricot
Direction artistique : Anne Rotenberg
Joseph Kessel dit que c’est le hasard qui a fait de lui un journaliste. Mais s’il est devenu l’un des plus célèbres reporters, c’est uniquement à cause de son désir et de sa volonté de rencontrer l’autre, qu’il soit tapi dans le Berlin couvant la peste brune, qu’il soit réduit à faire la queue devant les magasins vides du New York en pleine crise de 29, ou réduit à l’esclavage en Syrie ou bien encore affamé dans le chaos de la guerre d’Espagne.
Ce ne sont pas les idées qui l’attirent, le passionnent, ce sont les êtres : hommes, femmes et enfants. C’est pourquoi sa voix reste toujours aussi vivante et nous éclaire, parce que Kessel nous parle à hauteur d’homme. Écoutez-le, avec ses récits, qui nous crie : « Attention ! Attention ! L’incendie du monde a commencé. »
Journaliste et écrivain, aventurier par excellence, Joseph Kessel a traversé le 20e siècle à la vitesse des drames et des conflits, en posant sur le monde un regard à la fois tendre et lucide. Insatiable voyageur, témoins parmi les hommes, il a incarné toute sa vie l’humanisme engagé. En 1956, il se livre au micro du journaliste Paul Guimard, pour une longue série d’entretiens dans lesquels il revient avec passion sur une vie d’engagement.
Auteur de renom de plus de 80 ouvrages, décoré de la Médaille militaire, de la Croix de guerre 14-18 et 39-45, Grand Officier de la Légion d’honneur, Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres, détenteur du Prix Paul Flat (1924), du Prix Prince-Pierre-de-Monaco (1959) et personnalité d’exception, Joseph Kessel est né en Argentine en février 1898, d’un père médecin juif d’origine lithuanienne et d’une mère juive russe. Ils déménageront en Russie avant de s’établir en France.
Titulaire d’une licence ès Lettres à l’âge de 17 ans et désireux d’embrasser une carrière de comédien, Joseph Kessel est engagé dans le Journal des Débats. Dès sa majorité, il s’engage dans la Première guerre mondiale, comme infirmier-brancardier, puis dans l’artillerie, et enfin dans l’aviation. A la fin de la guerre, il obtient la nationalité française, reprend l’écriture, publie pour le Figaro, le Mercure, La Liberté et entame sa carrière d’écrivain romanesque (L’Equipage, 1923.
Il publie Les Captifs, pour lequel il obtient le grand prix du roman de l’Académie Française en 1926, Nuits de Princes, Belle de Jour et écrit sur des aviateurs célèbres, dont son ami Jean Mermoz).
En 1928, il fonde avec Georges Suarez et Horace de Carbuccia l’hebdomadaire politique « Gringoire », qu’il quitte peu après car le journal prend un tournant antisémite.
Correspondant de guerre en 1939-40, il s’engage dans la Résistance au lendemain de la défaite, passe les Pyrénées, gagne Londres et rejoint les Forces Françaises Libres du général de Gaulle. Cela lui inspirera L’Armée de l’Ombre, en 1943. A la Libération, il reprend ses activités d’avant-guerre, voyage en Palestine, en Afghanistan, en Birmanie, en Afrique et est le premier à obtenir un visa pour l’Etat d’Israël en 1948.
Toute sa vie, il est poussé par son désir d’aventures et sa recherche de rencontres hors du commun et devient reporter : il suit la révolution irlandaise et Israël au début de son indépendance, explore Berlin et ses bas-fonds, vole sur les premières lignes de l’Aéropostale saharien, navigue avec les négriers de la mer Rouge.
Kessel publie de nombreux romans, ce qui lui vaut d’entrer à l’Académie française le 22 novembre 1962, au fauteuil du duc de la Force : il tient à faire décorer son épée d’académicien d’une étoile de David.
Il meurt le 23 juillet 1979 à Averne, quelques mois avant sa troisième épouse, Michèle O’Brien.
Acteur, réalisateur et scénariste français de renom, officier de la Légion d’Honneur, Chevalier de l’ordre national du Mérite, Officier de l’ordre des Arts et des Lettres, , Jacques Weber est né en août 1949, d’une mère au foyer et d’un père polytechnicien d’origine suisse.
Elève au lycée Carnot, Weber fréquente Francis Huster et Jacques Spiesser avec qui il s’inscrit au conservatoire municipal du 18ème arrondissement de Paris. Il continue ses études en Art dramatique à l’école de la Rue Blanche, intègre en 1969 le Conservatoire National d’Art Dramatique de Paris où il reçoit un prix d’excellence et rencontre son mentor, Pierre Brasseur. Il préfèrera intégrer ensuite le théâtre populaire de Reims plutôt que la Comédie française.
Il fait son entrée dans le monde du cinéma au début des années 1970, avec Le Tartuffe mis en scène par Peter Stein. Il enchaîne les rôles en 1972 : Faustine et le bel Eté, Etat de siège, Le malin Plaisir. Il jouera avec de nombreuses personnalités, dont Robert Hossein, Peter Stein…
Parallèlement, dirige de 1979 à 1985 le Centre dramatique national de Lyon, de 1986 à 2001 le Centre dramatique national Nice-Côte-d ’azur. Parallèlement, Weber tourne pour la télévision des transpositions d’œuvres théâtrales ou romanesques, et parmi elles : Le Loup blanc en 1977 (Paul Féval), Le Comte de Monte-Christo en 1980, Rive droite, rive gauche en 1984, Un Homme et une Femme, 20 ans déjà en 1986, Cyrano de Bergerac de Rappeneauen en 1991 pour lequel il obtient le César du meilleur second rôle masculin.
Récompensé à maints reprises (Molière 2022 du meilleur comédien pour Le Roi Lear – Globes de Cristal 2015 du meilleur comédien de théâtre pour Gustave), l’acteur alterne entre théâtre, cinéma et télévision (7 ans de mariage en 2003, Intrusions en 2008, Mystère au Moulin rouge en 2011, Sur la Piste du Marsupilami en 2012, Un Prince (presque) charmant en 2013). Au cinéma, il aura joué entre autres sous la direction de Costa-Gavras, Tacchella, Rappeneau, Molinaro, Corsini, Alain Chabat…
Il a mis en scène nombre de pièces : Les Fourberies de Scapin, Le Neveu de Rameau, La Mégère apprivoisée, Le Misanthrope, Le Tartuffe, Une Journée Particulière, Phèdre, Ondine. Il a également écrit Cyrano, ma vie dans la sienne, La brûlure de l’été, Vivre en bourgeois penser en demi dieu.