Peut-on imaginer plus belle déclaration d’amour à la langue judéo-espagnole que ces Ombres cousues de Myriam Moscona ? Pour faire vivre le ladino, cette langue de son enfance qu’elle éprouve et conçoit comme l’enfance de sa langue, la poète mexicaine d’origine bulgare s’est faite romancière.
Partant sur les traces du passé familial, la narratrice entreprend un voyage d’enquête ou, pour mieux dire, un pèlerinage qui la mène, certes, à Sofia et Plovdiv en Bulgarie mais aussi à Smyrne en Turquie. Son périple ne s’arrête pas là, car l’objet de sa quête, vivant coffret ou musical instrument de sa propre mémoire, de celle de sa famille, de celle de tous les djidyos expulsés d’Espagne en 1492, c’est aussi la langue elle-même.
Elle cherche à en retracer l’histoire et à en conter la vie présente à Mexico, Sofia, Thessalonique, Madrid, en Israël et, contemporanéité oblige, sur la Toile.
———————-
Myriam Moscona est née en 1955 à Mexico au sein d’une famille sépharade de Bulgarie. Romancière, poétesse, journaliste, traductrice, elle écrit tant en espagnol qu’en judéo-espagnol. En 2012, elle a reçu le prix Xavier Villaurrutia, l’une des plus hautes distinctions littéraires du Mexique pour son roman Tela de Sevoya.