C’est par ces mots que la page Facebook du Festival des Cultures Juives annonce la bonne nouvelle, ce jeudi 20 mai : le Festival aura bien lieu, du 15 au 28 juin 2021, alors qu’il avait dû être annulé en 2020 à cause de la crise sanitaire. D’emblée, le post donne le ton : « Après 1 an d’absence, le Festival des Cultures Juives revient avec le thème Airs de Famille ! » La Famille, nos Familles,….si chères à nos cœurs, celles qui nous ont tant manqués, celles dont nous avons été privés durant ces longs mois et que le Festival veut célébrer. Comme un symbole de renaissance.
Dans les bureaux de la direction de la vie associative et culturelle (VAC) qui pilote l’événement, l’équipe est en effervescence. Il faut dire qu’elle a été préparée « aux petits oignons », cette nouvelle édition !
Durant de longs mois, entre désespoir, attentes, confiance, incertitudes, le Comité de Pilotage, accompagné du précieux soutien de la Mairie de Paris Centre, a œuvré sans relâche pour adapter la programmation aux contraintes sanitaires et bâtir une édition « sur mesure. » Pari réussi !
Résultat : un cru innovant, inspirant, dans lequel on retrouve les grandes journées traditionnelles – Journée des Associations / Yiddish Tog / Rencontres des Chorales – remaniées et adaptées. Ouverture, clôture, créations spéciales, focus « jeune talent », mais aussi visites et expo inédites,…tout a été pensé pour conserver l’identité et cet esprit festif propre au Festival, malgré cette situation si atypique.
Il faut dire que la VAC s’était déjà fait la main. Entre septembre 2020 et mai 2021, ce sont pas moins de 20 événements (concerts, rencontres, débats,…) diffusés en ligne et en direct ou proposés en présentiel réduit, qui ont été conçus pour garder un lien avec le public. Car au FSJU, on le sait, on le défend : la Culture est essentielle. Elle participe du lien social et de la lutte contre l’antisémitisme. Elle nous interroge, elle nous bouscule, elle nous fédère, elle nous unit.
Par son action culturelle, le FSJU œuvre aussi au dialogue interculturel et au « vivre-ensemble » dont nous avons tant besoin aujourd’hui, plus que jamais. Et le Festival des Cultures Juives en est un des bras armés !
Innovation cette année : le Festival se à la fois parisien et national, puisqu’un grand nombre d’événements seront diffusés en streaming live.
Mardi 15 juin, le Festival s’est donc ouvert avec l’un des fleurons du jazz franco-israélien : le pianiste Yaron Herman, qui a proposé, dans un concert « en toute intimité » et construit spécialement pour le Festival, un moment rare de partage et de convivialité. Yaron Herman, ne faisant qu’UN avec son Steinway, a conquis, par sa virtuosité, le public de l’auditorium de l’Espace Rachi.
Un Espace Rachi qui est également « la star » du Festival ! Ce lieu emblématique de la culture juive, qui a accueilli tant d’artistes durant ces 30 dernières années, avait, comme toutes les salles de concerts, fermé ses portes durant presque une année entière. Equipé d’un matériel du dernier cri pour diffuser les événements en streaming live, c’est pour ce concert d’ouverture que l’Espace Rachi où – ironie de l’histoire – Yaron Herman a d’ailleurs fait ses débuts il y a 20 ans, a levé le rideau…et ne l’a plus baissé durant la quinzaine, accueillant pratiquement chaque soir un événement.
Ainsi, le 20 juin c’est la fameuse et traditionnelle « Journée des Associations (rebaptisée « Soirée des Associations ») jumelée au « Yiddish Tog » qui a battu son plein. Au programme : rencontre avec l’icône de la culture yiddish Talila, remise du Prix Korman, concert des Gefilte Swing pour terminer cette soirée à l’ambiance familiale sur des accents klezmer !
Changement d’univers le 22 juin, avec une causerie intime « ambiance salon » autour d’Enrico Macias et sa famille. Au micro de la journaliste Laurence Haziza, la famille Ghrénassia s’est prêtée au jeu des confidences, des anecdotes, pour le plus grand plaisir d’un public heureux de pouvoir partager ces moments intimes avec cet artiste emblématique de la culture et des traditions des Juifs d’Algérie. Accompagné de son violoniste Kamel, Enrico a bien évidemment pris la guitare et chanté en acoustique, comme à la maison, pour le plus grand plaisir de ses fans !
Coup de cœur du Festival et programmé pour la 1ère fois en partenariat avec le Festival Jazz N’ Klezmer, la chanteuse d’origine espagnole Norig a illuminé l’Espace Rachi de son timbre sauvage et enivrant, rappelant que la musique tsigane et la musique klezmer ont une histoire commune.
Partenaire fidèle du Festival, le cinéma Luminor situé au cœur du Marais, a accueilli en avant-première le 17 juin, le documentaire de Rudy Saada et Anthony Lesme « Le Rabbin des Marranes », une plongée fascinante et intrigante dans la communauté marrane de Belmonte, au Portugal. Les réalisateurs présents dans la salle se sont prêtés au jeu des questions / réponses et ont raconté au public, attentif, la genèse de leur projet.
Poésie à l’honneur…à la Maison de la Poésie bien sûr avec l’anthologie des poétesses yiddish ; Hommage au compositeur polono-russe Weinberg, focus sur l’engagement après-guerre de la famille Pludermacher (au Centre Medem), rencontre avec Guy Konopnicki dit « Konop » sur le thème de l’engagement de père en fils (au Cercle Bernard Lazare), la fratrie des Singer (à la Maison de la Culture Yiddish), visites pédestres à la découverte de l’histoire de grandes familles juives parisiennes…autant de richesses pour évoquer l’héritage, la transmission, la mémoire. Tous les mots qui disent la Famille, autrement.
Point d’orgue : le concert de clôture de Dafné Kritharas au Théâtre de la Ville. Chanteuse mais aussi conteuse, de sa voix cristalline, Dafné a ensorcelé le public, pour un voyage « De Rhodes à Tanger » dont on n’aurait pas souhaité revenir…